jeudi 4 juillet 2013

Du quartier rouge de Bombay à New York, le parcours extraordinaire de Shweta


C'est une de ces histoires que l'on aimerait entendre plus souvent. Tous les jours. Et croire qu'elle ne se dégonflera pas. Que ses acteurs seront à la hauteur de l'espoir qu'ils soulèvent en nous. 
Celle-ci débute dans un cadre aussi obscur et malsain qu'il est donné d'imaginer : Kamathupira, le plus grand quartier de prostitution de Bombay. Dans ces rues bordées de bordels insalubres et de femmes sans âge qui défigurent les passants depuis les pas de porte, une jeune fille ne peut rester innocente très longtemps. Elle fait ce qu'elle peut pour ignorer, se protéger ou s'isoler.  

Shweta Katti, elle, a vécu des heures sombres dans ce quartier aux lumières nocturnes: les garçons de son âge se moquaient d'elle car elle a la peau sombre des basses castes dont elle fait partie, et les plus âgés, ces clients qui passaient dans son immeuble, la surprenaient dans son quotidien, et jetaient à cette adolescente des propositions indécentes. Voire plus.  

Aujourd'hui, Shweta a 18 ans et elle raconte ce passé troublé d'une voix posée. Elle semble avoir intégré la douleur de ces années de lutte et se dit prête à la transformer en énergie créatrice. Ses grands yeux d'un noir brillant et sa voix, surtout, légèrement cassée, pressée et enthousiaste, nous convainquent qu'il faut croire dans ce petit bout de jeune fille qui va briser à elle seule une énorme barrière sociale: Shweta a été acceptée pour suivre quatre ans de formation dans la prestigieuse université de Bard, à New York. Là-bas, elle sera exemptée des frais de scolarité (une somme colossale d'environ 60 000 dollars par an), un privilège qui, si on on se fie au site de cette université, est une vraie exception à sa propre règle. 

A se demander si les dirigeants de Bard ont, eux aussi, voulu croire en cette belle histoire. 

Suivez-moi dans les rues de Kamathipura, pour découvrir le joli parcours de Shweta Katti. 

  
Un crédit spécial à Robin Chaurasiya, de l'ONG Kranti, pour l'aide précieuse offerte à Shweta, sans laquelle elle n'aurait pu partir. 

Voici le blog personnel de Shweta (en anglais). 

Et si vous voulez aider Shweta, qui cherche les fonds nécessaires pour sa vie à New York, voici où vous pouvez faire un don.